La semaine de tous les dangers pour l’exécutif ’ Rien n’est moins sûr. Après avoir fait passer, sans coup férir, sa réforme du code du travail, face aux cheminots, attachés à leurs statuts comme la bernique à son rocher, et engagés dans une nouvelle croisade sociale, on prédisait à Jupiter, l’"enfer". Avec la rue comme purgatoire.
Or, au terme de ces premiers jours de grève, promise au long cours, à la SNCF, et entamée mardi, ce sont les grévistes qui, hormis quelques cégétistes jusqu’au-boutistes venus témoigner hier matin à la radio, qu’ils n’étaient pas "dans des dispositions psychologiques" propres à reprendre le travail (’ !), se demandent, déjà, comment ils vont tenir. Parallèlement, le chef de l’État, qui, il faut bien le reconnaître, depuis qu’il a gravi les marches de l’Élysée, il y a bientôt un an, a su faire preuve d’habileté et de fermeté, joue cette fois encore la carte de l’opinion, pour gagner "sa" bataille du rail.
Et les premiers sondages sortis des quais de gares, moribonds, montrent que le gouvernement, qui parle de "détermination tranquille et totale" conserve, pour le moment, dans ce bras de fer naissant, le soutien des Français. Ce qui n’est pas trop surprenant si l’on regarde les nombreux dysfonctionnements et pannes à répétition qui empoisonnent la vie, au quotidien, et en temps "normal", des usagers du chemin de fer. D’ailleurs, si la SNCF tournait à plein régime et à la satisfaction de tous, ça se saurait. Et il n’y aurait alors aucune raison de vouloir réformer cette entreprise nationale.
Si bien que dans ce contexte d’indignations contraires, on voit assez mal les Français se mobiliser pour défendre un statut des cheminots, qui indiffère le plus grand nombre, ou que d’autres peuvent aller jusqu’à jalouser, sans forcément en connaître les contours exacts, mais peu importe. Malgré cela, les syndicats, et singulièrement la CGT qui cherche, ici, dans ce premier mouvement d’ampleur nationale - enfin hexagonale - à redorer son blason, continuent à rêver d’un "monde perdu", à s’arc-bouter sur des combats d’arrière-garde, fait de manifestations de rue à résonance nostalgique, cinquante ans après Mai 68 !
Mais voilà, dans le "Nouveau Monde" promu par la République en marche, l’indignation, l’exaspération populaire n’a plus la lutte sociale pour terreau. Ce sont les fractures identitaires, l’insécurité galopante sur l’ensemble de nos territoires, ultramarins compris, qui en sont devenus le ressort. Alors, au lieu de conforter, comme le font aujourd’hui les grognards de la SNCF, à l’emploi garanti, l’image de réformiste en marche TGV que cherche à se tailler - avec un certain succès - Emmanuel Macron, - on le voit encore dans la réforme emblématique des institutions, dont Matignon vient de rendre les premiers arbitrages, et qui devrait être adoptée dès 2019 - il serait peut-être plus urgent de mettre l’Elysée devant ses responsabilités et urgences sociétales.
En enjoignant l’exécutif de s’attaquer réellement au mal qui ronge notre pays, à cet "islamisme souterrain" dans lequel le président Macron voit un "ennemi insidieux" qui progresse, qui endoctrine et qui vient encore de frapper sauvagement la France dans sa chair, dans son cœ“ur. Alors en marche, ou en grève ’
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