Et de six ! Voilà bien six fois que la chaîne publique à La Réunion change de nom. D’abord ORTF, en 1964 puis FR3 Réunion en 1975 au moment de l’éclatement du vieux monopole puis RFO en 1982 quand l’outre-mer, enfin, apparaît sur le devant de la scène cathodique.
Suit une période de stabilité record de 17 années, d’où cet ancrage profond dans les mémoires réunionnaises. Mais nouveau changement de marque en 1999 avec Télé Réunion, précédent Réunion 1ère en 2010 pour se terminer, sans doute provisoirement par "La Première" ou "Réunion la Première".
Pour être juste et précis, la décision de procéder à une nouvelle appellation ne doit rien au jus de crâne du groupe.
Elle a été contrainte par le résultat d’un contentieux ouvert par ... M6.
Cette chaîne qui n’a rien de local et ne cultive la proximité que par le prisme sensationnel de l’émotion, en possède en effet une autre beaucoup plus confidentielle : Paris Première, celle que les programmes télé papier écartent volontiers de leurs colonnes quand la place vient à manquer.
Or, comme Le Quotidien ne révélait le 6 septembre dernier, le groupe M6 avait assigné en justice France Télévisions pour vampirisation par le réseau "1ère" de sa marque Paris Première, créée en 1986 mais rachetée en 2004.
Incroyable mais vrai. Les énarques de FT en ont le cerveau encore tout échauffé.
Mais plutôt que d’aller à un procès coûteux, les deux parties ont négocié.
La décision de changement de nom découle donc directement de ce contentieux.
Ainsi, la sagesse a prévalu aux dépens du ridicule. Songez donc à l’audience cumulée de Réunion 1ère en dehors de notre île, et celle de Paris Première à La Réunion ne doit pas excéder celle de "Ma Télé" à Saint-Quentin-Hirson.
Heureusement comme on dit, le ridicule ne tue pas.
Thierry Durigneux - Le Quotidien / p.3
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