dimanche 26 mars 2023

"Moin na point rien contre lo moun na une couleur de peau blanc, mais…"

Thierry Robert, ex-maire de Saint-Leu, député de La Réunion aux indemnités saisies suite à un arrêt de justice, néanmoins promoteur immobilier et agent immobilier, devrait lire Shakespeare, au moins ces quelques lignes que Mélenchon avait partiellement reprises en 2012 pour faire le malin devant les électeurs : "La vie n’est qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène et qu’ensuite on n’entend plus. C’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien." Mélenchon s’était arrêté au bruit et à la fureur, éludant l’idiot qui précédait et le néant qui ponctuait l’énoncé. Thierry Robert devrait se pénétrer de l’intégralité de la citation et la méditer… La chose ne sera pas aisée, car à l’entendre Thierry Robert maîtriserait mal le simple usage d’un journal.

Ainsi, lancé dans une tirade de matamore radiodiffusée, filmée et mise en ligne sur sa page Facebook - Thierry Robert s’offre de la propagande sur les ondes - le pauvre garçon réclame de la "ouate" et se plaint de ce que le papier du JIR soit trop agressif pour certaines parties de son individu que la décence m’interdit de nommer. Il y a belle lurette que l’on n’en use plus ainsi à la
feuillée ! Rabelais, il y a bien longtemps, citait malicieusement Gargantua qui avait inventé mille et une façons de se "torcher le cul", fort originales et innovantes, que M. Robert Thierry devrait expérimenter plutôt que de s’acharner sur un journal dont ce n’est point l’usage. Peut-être en tirerait-il quelque sagesse…
Monsieur Robert, un journal c’est fait pour être lu et si possible compris. Si vous avez du mal avec un quotidien, vous devez souffrir le martyre à l’Assemblée nationale où l’on pratique un tout autre langage que dans nos colonnes. Mais sans doute faut-il lui pardonner, Thierry Robert aime à jouer au député plébéien, au gros dur maousse-costaud, qui cause "gros créole" parce qu’il pense que ça passe mieux comme ça, et que ça déclenche une adhésion immédiate et irréfléchie à sa personne, au-delà même du sens de ses paroles.

Ce temps-là n’est plus, et le résultat de Monsieur Thierry Robert au dernières élections législatives a démontré sans ambiguïté - les chiffres ne mentent pas - qu’il ne bénéficie pas d’une popularité à toute épreuve, pire, qu’il est élu par une minorité, 10,10 % des inscrits au premier tour, sur sa circonscription. De quoi faire preuve de modestie…
Que nenni, Thierry Robert n’est pas de cette espèce-là. Cet élu-chimère qui mélange allègrement les genres, affaires, politique, radio, délateur à ses heures, qui détiendrait le record de la grève de la faim la plus rapide du monde dans le Guinness Book des records s’il existait une hiérarchie pour de telles pitreries, est désespérément ambitieux dans le registre de la vilenie. Tout à sa vendetta à l’encontre de Didier Robert à qui il n’a pu souffler la présidence de la Région Réunion, il s’attaque au JIR qui a bénéficié d’une aide sectorielle de la collectivité pour financer son re-développement après être sorti par le haut d’un redressement judiciaire et d’un plan social. En France, plus de 200 entreprises de presse obtiennent de telles aides tous les ans, sans pour autant être en situation difficile. Insupportable pour Thierry Robert, chef d’entreprise fort peu regardant des lois et règlements, dont les clients se plaignent de malfaçons invraisemblables, maire aux pratiques étranges en matière d’immobilier - nous y reviendrons et la justice aussi peut-être - premier magistrat d’une commune réputée pour être "mauvais payeur", qui s’oppose grossièrement à la réalisation d’un dossier réglementaire et légal inattaquable, en le faisant passer pour une "magouille" pure et simple, organisée sur le dos des Réunionnais les plus faibles, dont la pauvre Marie-Stanislas Boutiana ! Pour arriver à ses fins, au-delà de l’insulte et de la diffamation, Thierry Robert n’hésite pas à user d’arguments racistes, expliquant publiquement, sur les ondes et sur sa page Facebook, que l’aide la Région procéderait d’une discrimination fondée sur la couleur de peau, une affaire entre "gros blancs". Citation : "Moin na point rien contre lo moun na une couleur de peau blanc, mais moin mi tiens un discours comme moin na l’habitude de faire,

c’est une politique de gros-blanc…" Un peu plus loin, après avoir dénoncé les gens qui veulent détruire La Réunion et les Réunionnais, il se référera à la révolte des esclaves de Saint-Leu, histoire d’accentuer le contexte supposément esclavagiste mis en œuvre par les élus de la majorité régionale au bénéfice d’autres présumés "gros-blancs", à savoir le JIR, sa direction et ses salariés sans doute. S’il n’avait qu’invoqué le terme "gros-blanc", on aurait pu penser qu’il ciblait "le système", les capitalistes ou dieu seul sait qui, mais là, en se caressant la peau pour montrer sa différence, et en traitant de "moun na une couleur de peau blanc", Thierry Robert donne dans l’incitation à la haine raciale, tout bêtement, nous l’écrivons noir sur blanc, justement. Histoire de bien fonder son propos, Thierry Robert apostrophe d’un index menaçant, fort du rempart de son micro, "moin la pas peur a ou, mon nombril lé coupé à La Réunion terre là, moin lé la pou défendre les Réunionnais, zot la envie faire ban ti magouilles derrière la cuisine pour baise l’argent Créoles…"

Le distinguo fait entre les personnes interpellées, des salariés du JIR et sa personne, résiderait dans le fait que Thierry Robert aurait son nombril "coupé à La Réunion terre là", serait donc Réunionnais par opposition aux "moun na une couleur de peau blanc", accentuant cette discrimination raciste par le fait qu’elle serait associée à la volonté de "baise l’argent Créoles…". A quand l’étoile blanche au revers de nos vêtements Monsieur Thierry Robert ? Appartiendriez-vous à une "race supérieure" du fait de votre couleur de peau ou de votre "nombril" planté en terre ? Vous faites honte aux Réunionnais par vos outrances et votre démagogie. Vous faites honte à l’Assemblée nationale en dévoyant l’esprit démocratique et en méprisant les fondements de notre société. Vous êtes incapable de maîtriser vos propos et votre langue sans vous rouler dans la fange.

Vous stigmatisez l’actionnaire du JIR, Abdoul Cadjee, qui a hypothéqué son groupe pour sauver son journal et le plus de salariés possible, quand vous vous êtes caché derrière vos enfants pour organiser votre insolvabilité et échapper à vos créanciers. Il y a quelques années vous avez fait battre des journalistes, l’une du JIR, l’autre du Quotidien, parce que votre amour-propre avait été blessé, vous vous êtes ridiculisé devant des préfets, d’autres élus locaux. Vous vous êtes rasé la moustache pour faire croire que vous aviez changé… C’est finalement un peu court.

Phlippe Leclaire - Le Journal de l’île / p.3