jeudi 23 mars 2023

Dialogue de sourds en préparation

Ainsi donc, le BTP tape du poing sur la table avant de battre la semelle dans les rues de Saint-Denis, mardi prochain.
L’ensemble de la filière dit "stop" à une situation qu’elle juge intenable. Elle dénonce "la situation d’abandon" dans laquelle ce secteur se trouverait faute de commandes suffisantes. Quand le bâtiment va mal ...

Résultat, vingt-quatre organisations patronales et de salariés, alliance objective qui mérite d’être soulignée, appellent à une manif qui les dirigera vers la préfecture, le palais de la Source et la pyramide inversée.
L’histoire se répéterait-elle ? Déjà, en 2010, environ deux mille acteurs du BTP, patrons et salariés solidaires, avaient défilé dans le chef-lieu. Cette fois, il est question de bloquer des chantiers.

De leur côté, les dirigeants de la filière ont écrit au président de la République.
À quelques semaines d’Assises de l’outre-mer promises par le destinataire de cette lettre, Emmanuel Macron, les patrons réclament le "maintien" des mesures spécifiques d’aide aux entreprises locales, exonération de charges sociales en tête, crédit d’impôt maintenu, etc. La liste, on s’en doute, est beaucoup plus fournie d’autant que la défiscalisation est appelé à disparaître.

Le moment où cette grogne économique et sociale survient n’est pas dû au hasard. La situation sur le front de l’activité et donc de l’emploi est plus que tendue. Les objectifs annoncés dans le cadre du plan logement outre-mer ne sont pas tenus. Tout cela est vrai.
Mais il est non moins clair que le grand ramdam des Assises dont on peut actuellement observer la préparation, ouvre aussi les appétits. La ministre des Outre-mer veut qu’elles soient un temps d’expression et de mobilisation dans les territoires ultramarins ?

Certains ne vont pas attendre qu’on sollicite leur parole, prêts qu’ils sont déjà à empoigner le porte-voix pour décliner leurs exigences. Annick Girardin veut que cette démarche participative "redonne la parole à ceux qui ne la prennent plus" On s’attend au contraire à entendre toujours les mêmes entonner des refrains hyper connus. Si l’on prête attention au discours gouvernemental précisant l’organisation et les buts de ces Assises, c’est aussi le risque d’un dialogue de sourds que l’on perçoit.

Thierry Durigneux - Le Quotidien / p.3