mercredi 22 mars 2023 ![]() |
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La "rupture" soft de Wilfrid Bertile | |||
La politique, en vérité, est une affaire intellectuelle. Vous nous rétorquerez que notre personnel dédié à cette tâche, bien souvent, correspond peu au profil. On y parle beaucoup, agit parfois, et pense trop peu. Alors ne hurlons pas d’emblée lorsqu’un Wilfrid Bertile se fend de 80 pages de réflexion sur un nouveau modèle de société réunionnaise. L’effort est méritoire et le résultat à la hauteur du QI du bonhomme, géographe, universitaire et, sans conteste, homme de convictions, ancrées à gauche sans jamais trop les renier. Ça n’a pas empêché Wilfrid Bertile, lorsqu’il était élu, de sinuer entre quelques courants, devenant maître es-positionnements pour se faufiler, ainsi qu’il le reproche aujourd’hui aux jouteurs des sénatoriales, là où se trouvaient quelques bonnes places. C’est le jeu de la politique, après tout. Si Wilfrid Bertile prône la fin, prudente, de la surrémunération, il n’imagine pas une seconde une Réunion sans défiscalisation/octroi de mer/exonérations de charges/ emplois aidés, bref, sans assistance. S’il mise beaucoup sur la production locale, mieux exportée, moins exigentes en intrants - et en tout cas moins tributaire des importations de France et d’Europe - elle ne reste que le "moteur auxiliaire" de sa "Réunion réunionnaise" dans laquelle le "moteur principal" reste, encore et toujours, la manne de transferts publics de la solidarité nationale. Il manque alors dans cet ouvrage ce qui manque aujourd’hui dans tous les projets politiques d’avant-élection : le souffle de grandes idées, même iconoclastes, qui permettent d’imaginer, ne serait-ce qu’un instant, une bifurcation dans les chemins tout tracés de La Réunion. David Chassagne - Le Journal de l’île / p.3 |