vendredi 09 juin 2023 ![]() |
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Baleines : spectacle en sursis | |||
« Un taux d’observation stratosphérique ». Voilà l’expression d’un des responsables de l’association d’études des cétacés Globice, aux anges de voir autant de baleines croiser au large de la Réunion. En 2015 et 2016, tout le monde était inquiet. Les mammifères marins montraient rarement leurs caudales. Pourquoi ces absences ? On l’ignore. Et il est tout aussi difficile de répondre à la question de savoir pourquoi ces géants de l’océan se plaisent à nouveau, l’hiver venu, autour de notre île. Des rencontres avec des bêtes sauvages forcément inoubliables. Dans son dernier ouvrage « Une très légère oscillation », l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson, le dit très bien en se demandant « à quoi sert le séjour sur Terre si l’on se prive de la puissance et de la gloire vivante » : « Une bête est un dieu, c’est-à-dire l’incarnation d’un mystère. En croiser une est une jouvence, un tressaillement, un viatique que l’on serre au fond de sa mémoire et que l’on emporte en soi pour le reste des jours ». Alors, dans cent ans, pourra-t-on encore admirer ces baleines ? L’ivresse du moment face à ces colosses des mers élude juste le temps du plaisir présent cette triste question. Car à moins de se réfugier dans le déni ou le complotisme de Donald Trump qui considère comme « un canular » le réchauffement climatique menaçant tant d’espèces, la désolante réalité est que l’Humanité contribue chaque jour à saccager un peu plus la planète. Et les baleines, celles qu’on touche aujourd’hui des yeux, représentent peut-être le spectacle d’un monde aussi magique qu’enchanté que l’on continue à dilapider depuis des siècles. Jérôme Talpin - Le Journal de l’île / p.3 |