dimanche 28 mai 2023 ![]() |
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Pousse du dimanche : des députés veulent une loi "anti-rodéo" | |||
À La Réunion, on parle de "pousse". En métropole, il s’agit de "rodéo". Avec les beaux jours du printemps et de l’été, les policiers de certaines grandes villes, et pas seulement en banlieue parisienne, sont confrontés depuis plusieurs années à ce phénomène. En métropole, le ras-le-bol face au rodéo est d’autant plus grand que deux jeunes se sont tués début août. Un adolescent de 13 ans est mort le 5 août dans les Yvelines après avoir percuté, sans casque, un arbre. Le lendemain, un jeune de 20 ans perdait lui aussi la vie après être entré en collision avec un autre amateur de moto dans l’Essonne. Dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur, le sénateur-maire de Massy (Essonne) Vincent Delahaye a indiqué qu’il allait déposer une proposition de loi visant à durcir l’arsenal répressif. D’autres initiatives de ce type ont été prises ces dernières années. Mais sans succès. Le parlementaire propose de détruire systématiquement les motos saisies dans le cadre d’opération anti-rodéo. Il envisage aussi une majoration de prime d’assurance en peine complémentaire. Reste à savoir quels pourraient bien être les effets concrets d’une loi supplémentaire face à un phénomène aussi difficilement contrôlable. Nul n’ignore que les policiers se sentent "coincés" pour intervenir. Ces derniers préfèrent le plus souvent ne pas engager de course-poursuite avec les contrevenants afin de ne pas provoquer d’accidents. Et, en riposte, des émeutes. C’est encore plus vrai dans les banlieues parisiennes. En 2007 à Villiers-le-Bel, deux adolescents avaient succombé à un choc avec une voiture de police. La ville s’était embrasée. Bilan : 119 policiers blessés. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Colomb a donné pour consigne d’agir "avec circonspection". Ce dimanche au Chaudron, la préfecture avait choisi de mener une "opération de prévention de sécurité" avec cette fois suffisamment de personnels, soit près de 70 policiers et gendarmes, afin de montrer qu’il n’était pas question de ne pas occuper le terrain. La pluie, l’installation de ralentisseurs, la présence des forces de l’ordre mais aussi le dialogue engagé avec des motards et la promesse d’utiliser le circuit de la Jamaïque ont dissuadé les pousseurs. En métropole, la solution des circuits organisés n’a pas toujours eu les résultats escomptés. D’abord parce que les motards cherchent avant tout à faire le "show" et se bâtissent une réputation à travers ce rite d’initiation. Ensuite parce que beaucoup cherchent aussi à défier la police. Pour les forces de l’ordre, la question est désormais de savoir si la pousse du dimanche n’aura pas lieu dans les prochaines semaines ailleurs que dans la rue Roger-Payet. Le Journal de l’île / p.7 |