dimanche 04 juin 2023 ![]() |
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Sénatoriales : chaises curules et vieilles dentelles | |||
Les sénatoriales sont un exercice de style électoral au charme désuet, au suffrage indirect, avec des grands électeurs et des petites embrouilles, des références à l’antique - des sénateurs dont les fameuses chaises symbolisaient jadis le rang - des négociations crépusculaires entre gens de qualité et dames patronnesses… Un petit air d’Agatha Christie aussi, car toutes ces rencontres plus ou moins discrètes - quand elles ne sont pas secrètes, mais révélées pour telles par de zélés folliculaires - suscitent une agitation qui confine parfois à l’hystérie, tant ce qui s’y joue est lourd de sens. Négociations, marchandages, rapports de force… La constitution d’une liste peut tourner au complot ou au simulacre de pronunciamiento, quand elle passe par l’instauration d’une nouvelle majorité conjurée… Le poison n’étant plus envisageable et les duels interdits, il ne reste plus guère à nos aspirants sénateurs et autres magistrats curules, que le choix entre la séduction et la coercition, sur fond d’arithmétique. Chaque protagoniste sait ce que pèse tel ou tel notable municipal en grands électeurs, de sorte que la partie peut-être rapidement jouée si les forces en présence sont clairement établies. Du côté de chez TAK, c’est une centaine de grands électeurs qui traîne, mais le bougre est par trop radical dans sa croisade anti-Didier Robert pour espérer fédérer quelconque alliance constructive. Et puis, il y a la plateforme de la droite, 730 grands électeurs, qui s’est livrée avec délices aux joies de la combinazione, allant jusqu’à se faire peur avec des hypothèses de listes parallèles, qui n’ont pas tenu face aux réalités arithmétiques. L’aventurisme municipal n’est pas à la mode en ces temps de vaches maigres et de dotations d’Etat-peau de chagrin… Le proverbial goût des édiles de droite pour la chicane n’y a pas résisté et c’est apparemment la real politique qui a prévalu, quand bien même la tentation était forte de jouer grosse blinde et de faire tapis, pour le meilleur et pour le pire. Dans la nuit de lundi à mardi, les joueurs de poker ont évalué leurs chances et estimé, qu’à la fin de l’histoire, faute d’union et de raison, seul le pire resterait à récolter, sans doute pour longtemps. Nassimah Dindar de La Source va donc conduire une liste sur laquelle le marial Jean-Louis Lagourgue est - normalement - assuré d’être élu, quand Viviane Malet, qui représente le royaume du Sud, devra compter sur un investissement total de ses alliés et de son tuteur pour occuper la troisième marche du podium. Madame Dindar et M. Lagourgue peuvent donc espérer sortir du marigot local par le haut, parler d’atteindre l’empyrée serait trop, Didier Robert et Michel Fontaine se replier sur leur mandat exécutif local en bon ordre, assurer une représentation nationale de La Réunion. Philippe Leclaire - Le Journal de l’île / p.3 |