mardi 21 mars 2023 ![]() |
|||
Les liaisons dangereuses | |||
"Perturbations à prévoir entre le 20 et le 27 août". La prévision valait avis de tempête pour certains. Il aura suffit de ces quelques lignes publiées sur les réseaux sociaux par un fournisseur d’internet, SFR pour ne pas le nommer, pour qu’aussitôt une avalanche de commentaires, souvent très agressifs, a minima désobligeants fleurissent sur la toile. Les internautes réunionnais ont évidemment encore en souvenir le dernier incident majeur sur le réseau à la mi-juillet qui avait pratiquement paralysé le web local pendant plusieurs jours. Les vives réactions sont en cela logique. Comme leurs homologues de bitume les autoroutes de l’infirmation connaissant leurs lots d’incidents ou d’accidents quand ce ne sont pas, tout simplement de nécessaires travaux d’entretien et de maintenance. Peut-être que les Réunionnais, habitués s’il en est des bouchons dans la vie réelle ne supportent tout simplement plus ceux du monde virtuel. Le passé éclairant toujours le présent et donc l’avenir, revenons quinze ans en arrière. Jusqu’en 2002 La Réunion était reliée au reste du monde par des réseaux satellitaires. Un système fort de nombreux atouts, entre autres de coûts, mais dont le principal inconvénient résidait dans sa faiblesse par rapport aux événements météorologiques majeurs sans compter un débit maximum inférieur. En 2002 arrive donc le premier câble de fibre optique sous-marin reliant notre île à l’internet mondial. Une véritable révolution en termes de performances comme de sécurisation des connexions. Un câble, le Sage, dont le déploiement aura duré pas moins de 5 longues années pour un coût global de la bagatelle de quelques 640 millions de dollar. Un câble mesurant pas moins de 28 000 km de long, plus du double du tour de la Terre. On prend facilement la mesure des enjeux dépassant de très loin notre petit bout de confetti perdu au milieu des océans de données. En 2009, un second câble arrive enfin, le Lion, permettant de sécuriser une connexion au monde menacée par les incidents divers et variés et d’augmenter sérieusement le volume des données transitant sous la mer. Une sécurisation relative car ces liens de fibre optique ne sont ni parfaits ni infaillibles. Le plus souvent ces casses sont d’ailleurs imputables à une autre activité humaine, celle de la pêche industrielle. Cette fois ce sont des interventions de maintenance qui entraînent des perturbations et non une casse totale qui aurait, elle, des effets majeurs. Hervé Chossat - Le Quotidien / p.3 |