Le gouvernement pourrait réduire les contrats aidés dans des proportions qui restent inconnues. Les maires de l’île tirent la sonnette d’alarme alors que se profile la rentrée scolaire.
Sous nos latitudes, où le taux de chômage atteint en juillet 22,4%, on présente parfois le contrat aidé comme un outil de maintien de l’ordre social, à défaut de résorber le chômage sur le long terme. Un pansement sur une jambe de bois. "Un amortisseur social. Qui permet à de nombreuses familles en difficulté de mieux finir le mois", définit Stéphane Fouassin, le maire de Salazie.
Depuis les années 1980, les gouvernements français s’adonnent massivement aux contrats aidés, un contrat de travail dérogatoire au droit commun, pour lequel l’employeur, public ou privé, bénéficie d’aides, qui peuvent prendre la forme de subventions à l’embauche, d’exonérations de certaines cotisations sociales, d’aides à la formation. En période de crise, ce coup de pouce à l’embauche est même perçu par les politiques comme un levier indispensable de lutte contre le chômage. Mais le dispositif, régulièrement critiqué par la Cour des comptes, coûte cher. De plus en plus cher même, passant dans la seconde partie du mandat de François Hollande, friand du dispositif, de 3,44 milliards d’euros à 4,2 milliards d’euros entre 2014 et 2016, soit une hausse de 22% en deux ans. Alors quand Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des comptes publics a dévoilé début juillet ses pistes pour économiser 4,5 milliards d’euros et faire ainsi rentrer le déficit français dans les clous des 3% du PIB, les contrats aidés se sont trouvés tout en haut de la liste des postes de dépenses potentiellement mis à la diète.
"La rentrée scolaire est menacée"
Seulement 11 500 contrats aidés ont été signés à la Réunion depuis le début de l’année. 24 000 y avaient été attribués en 2016, contre 29 000 en 2014 et 26 000 en 2015. Une grande partie de ces contrats bénéficient aux collectivités locales qui savent désormais qu’elles vont devoir composer avec une baisse pour des contrats pour le deuxième semestre de 2017 et pour 2018. Le préfet Amaury de Saint-Quentin a prévenu Stéphane Fouassin, le président de l’Association des Maires de la Réunion la semaine dernière, lors d’une entrevue. "Cette baisse, si elle se confirme, est anormale. Elle s’ajoute à la suppression de taxe d’habitation et à la baisse des dotations de l’État. C’est un cercle infernal. Et pour nous, la situation va devenir intenable", peste Stéphane Fouassin.
Autant que la probable baisse des contrats aidés, c’est le flou qui entoure leur nombre pour le deuxième semestre 2017 qui fait râler les maires de l’île et les différents acteurs politiques qui se sont emparés du dossier. "Le sujet devait être abordé vendredi dernier en Conseil des ministres. On attend toujours", regrette Stéphane Fouassin. Si le temps presse, c’est parce que la rentrée scolaire a lieu dans un peu plus de deux semaines. "Et que les contrats aidés, qui aident par exemple à embaucher les accompagnateurs scolaires, jouent un rôle important dans nos dispositifs. C’est donc la rentrée qui est clairement menacée, assure le maire de Salazie. Les contrats sont prêts mais sont bloqués faute de nouvelles de l’État. En 22 ans de mandat, c’est la première fois que je vois cela. Ça commence à être très tendu. Je vois défiler dans mon bureau des familles dans le besoin qui attendent ces contrats. Et je ne peux rien faire pour eux".
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