dimanche 04 juin 2023 ![]() |
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Le temps des élus gigognes | |||
Après la présidentielle et les législatives, quels qu’en soient les résultats, notre pays va être confronté à une petite révolution politique avec l’entrée en vigueur, à partir du mois de juillet, des textes instaurant le non-cumul des mandats. Textes qui tout à fait en passant ont été promulgués en février 2014. Petite révolution, car aux inconnues induites par des présidentielles opaques, s’en ajouteront d’autres, candidats à des législatives abandonnées par nombre de parlementaires plus capés… En premier lieu, ce non-cumul va coûter cher, car le nombre d’élus touchant la totalité de leurs émoluments va croître avec la démultiplication de l’aréopage électif, quand le cumul limitait la dépense par l’écrêtement des indemnités… Dans le fond, la vie politique sera plus que jamais réservée aux notables et à la haute fonction publique. La grande majorité des élus de France n’est pas constituée de parlementaires, ni même de conseillers régionaux ou départementaux. Pour l’essentiel, ils sont conseillers municipaux et ne vivent pas de leurs indemnités. Il leur faut cumuler mandat et boulot. Difficile dans ce contexte de gravir le cursus honorum. Les mandats supérieurs sont de fait réservés à des cadres de l’administration, ou à des notables issus des professions libérales. Les premiers ne risquent pas de perdre leur travail en battant la campagne, les autres ont les moyens de le faire. Les élus professionnels, eux, bénéficient de sinécures et de postes réservés qui ne disent pas leur nom. Dans un contexte d’affaiblissement des partis traditionnels, d’émergence de partis populistes tels que En marche ! et d’irruption du FN qui peut forcer le cadenas majoritaire, la fracture élective va encore s’accroître et il est peu probable que la démocratie y gagne grand-chose. Philippe Le Claire - Le Journal de l’île / p.3 |