La mise en examen de François Fillon n’a pas eu lieu avec 24 heures d’avance, il y a 15 jours qu’elle était annoncée et s’inscrit dans une procédure judiciaire initiée par le Parquet national financier (PNF) dont la subordination politique est évidente.
Ce qui est étonnant dans ce dernier épisode de la dramaturgie Fillon, c’est qu’il procède d’une décision qui incombe totalement à l’intéressé. Comme Marine Le Pen, il aurait pu refuser de se soumettre à cette convocation des juges, immunité oblige. Mais il a tenu à s’y rendre, car François Fillon dans une démarche que d’aucuns jugeront conforme à sa personnalité, d’autres tartuffière, "ne demande ni dérogation, ni faveur, mais simplement le respect du Droit". C’est en tout cas l’exergue posé par le candidat-justiciable en ouverture de sa déclaration aux trois Parques que sont les juges d’instruction Serge Tournaire, Aude Buresi et Stéphanie Tacheau.
Tournaire qui n’est autre que le juge qui s’est récemment fait remarquer pour avoir décidé de renvoyer Nicolas Sarkozy en correctionnelle dans l’affaire des financements de la campagne présidentielle de 2012, contre l’avis de son pair Renaud Van Ruymbeke...
François Fillon a donc accepté d’être mis en examen, tout en refusant de répondre à quelque interrogatoire que ce soit, parce que, a-t-il dit : "J’ai le droit de me défendre sur toutes les preuves en possession de la justice, sur le fondement d’une analyse exhaustive des éléments saisis et sur un travail d’enquête complet. On ne lutte jamais à armes égales avec le soupçon..."
De fait, François Fillon et ses avocats auront enfin accès au dossier supposé fonder les charges qui lui sont opposées, à savoir "détournement de fonds publics", "complicité d’abus de biens sociaux" et "manquement aux obligations déclaratives auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique."
Philippe Le Claire - Le Journal de l’île / p.3
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