La crise requin, qui n’en finit pas d’endeuiller La Réunion, présente ceci de particulier qu’elle suscite d’invraisemblables déversements anonymes de bile, pour ne pas dire de haine, sur le net et les réseaux dits sociaux. À tel point que les victimes - amis, proches et familles - des attaques de requins bouledogue et tigre en ont été longtemps sidérées, contraintes de se taire et de souffrir en silence, sous peine d’être elles-mêmes stigmatisées par les "autorités" de la répression morale.
Le rôle de Sea Shepherd, dans cette affaire, est particulièrement significatif de la pression qui peut être installée sur des sociétés par une poignée d’activistes et de fanatiques de l’écologisme, ou de quelque autre utopie sectaire.
Dès le début de la crise, ils ont ciblé les surfeurs en tant que groupe humain distinct du reste de la population réunionnaise, allant jusqu’à les insulter quand ils portaient le deuil de leurs proches.
Pour ces gens-là, peu fréquentables il est vrai, qui font du business sur fond de défense ultra-violente de la nature, la vie d’un homme vaut moins que celle d’un requin, et la pratique du surf présuppose le sacrifice de la vie humaine à cet animal qui incarnerait la toute puissance de la nature. Comme quoi, on peut être "vegan", soit végétarien militant, à l’instar de Paul Watson, et prôner le sacrifice humain sans perdre l’appétit.
C’est Sea Shepherd qui a posé les canons de la vulgate utilisée comme argumentaire à l’encontre de toute politique de sécurisation des sites de baignade et des spots de surf, avec comme fondement une opposition totale à toute politique de régulation des populations de requins, quitte à inverser les paramètres de la réalité, en faisant des drumlines la cause de la présence des requins.
Et ce baratin a servi de base à l’opposition d’une constellation d’associations virtuelles, ou redondantes, telles Sauvegarde des requins, Longitude 181, Aspas, Vague, Tendua, Fondation Brigitte Bardot, Requin Intégration, qui toutes sanctuarisent le requin à La Réunion, avec pour conséquence de désertifier nos rivages et plonger les activités touristiques et balnéaires dans un profond marasme.
Philippe Leclaire - Le Journal de l’île / p.3
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